Des gais séronégatifs face au VIH

Ce projet est financé par Sidaction, il est hébergé à l’IRIS-EHESS à Paris, et à la Chaire de recherche santé sexuelle et VIH/sida de l’Université Concordia à Montréal.

Du fait du contexte de l’épidémie à VIH dans les pays du Nord (incidence et prévalence fortes, maintien d’un haut niveau d’exposition au risque), la population homosexuelle est visée par de nombreuses initiatives de réduction des risques sexuels. La médicalisation et la diversification des approches (usage préventif des antirétroviraux, dépistage rapide), qui ont marquées la décennie écoulée, s’accompagnent de tensions et de controverses sur les enjeux de responsabilité et d’exemplarité communautaire. Les gais séronégatifs ayant – plus ou moins régulièrement – des rapports sans préservatif sont au cœur des préoccupations du monde de la lutte contre le sida. L’élaboration et le lancement de la recherche « Ipergay » (essai de prévention qui comprend l’administration, contre placebo, d’antirétroviraux en pré-exposition chez les gais séronégatifs) au Canada et en France, a particulièrement focalisé les discussions au cours des derniers mois.

Dans ce contexte, le présent projet de recherche s’attache à analyser la manière dont les transformations de la prévention du VIH affectent la structuration individuelle et collective de la gestion du risque. L’objectif principal est de mieux comprendre comment la médicalisation de la prévention modifie la perception des normes communautaires chez des gais séronégatifs ayant des expériences – plus ou moins fréquentes – d’exposition au VIH. Il s’agit également de prendre en compte le fait que les notions de « communauté » et de « réduction des risques » recouvrent des sens différents au Canada et en France. Dans le prolongement d’une thèse de sociologie sur les discours du safer sex, je propose donc de contextualiser les processus d’élaboration et d’appropriation des recommandations de prévention. Pour ce faire, une enquête ethnographique est envisagée au sein de deux dispositifs de dépistage communautaire dans deux des villes concernés par « Ipergay », Paris et Montréal. Articulé à l’essai, ce projet met en œuvre une méthodologie qualitative qui vise à caractériser des contextes de sociabilité et des conceptions de la prévention (entretiens biographiques), et à analyser la formation des discours individuels et collectifs sur le risque (observations, analyse de la presse). L’investigation de deux services de santé communautaire, dans deux contextes nationaux différents, contribue ainsi à apporter un éclairage sociologique sur les enjeux de la prévention parmi les homosexuels masculins.