La première moitié de l’année 2017 a été compliquée pour moi, sur le plan professionnel. En jetant un regard sur l’activité de mon blogue (et sur Medium) ces derniers mois, on peut facilement s’en rendre compte : seulement treize articles en 8 mois, pour la plupart des annonces de publications ou de conférences.

Post-docus horribilis

En y réfléchissant depuis quelques semaines, j’ai d’abord pensé essayer de reprendre le fil de l’écriture petit à petit. Après tout, la vie d’un blogue c’est aussi cela : des moments plus actifs que d’autres, l’inspiration manque, parfois. Mais pourquoi ne pas tenter de mettre des mots sur cette première partie d’année ? Je chronique certes avant tout autour de thématiques ciblées (VIH, santé sexuelle), mais mes réflexions sont aussi le reflet du quotidien d’un jeune chercheur sans statut fixe. Et mon année 2017 est en fait largement marquée par cette situation.

Ce début d’année a été marqué, disons-le franchement, par une désillusion doublée d’une dégringolade professionnelle. Le contrat postdoc que j’avais entamé en septembre 2016 s’est avéré être une impasse. Sans rentrer dans les détails, le contexte et les conditions de travail m’ont poussé aux limites du burn-out émotionnel. Les explications en sont multiples. Les questions de “personnes” ne sont pas les plus minces ; les retards répétés de versement du salaire en constituent un autre bout. D’autres explications m’appartiennent, et notamment le fait que j’entamais ici mon troisième postdoc en 5 ans (soupirs).

Si l’allongement de la période post-thèse est de plus en plus la norme, je crois que j’ai atteint une de mes limites à endurer la précarité du statut (relative dans mon cas, j’ai obtenu des financements sans interruption depuis la fin de thèse), et l’absence de perspectives très concrètes dans le milieu académique. Une ligne à ajouter à mon “CV des échecs”, tiens !

Je ne regrette pas le choix de mettre un coup d’arrêt à cette situation pénible (j’ai démissionné en mars). Je n’imaginais pas à quel point les turbulences de “l’après” allaient être difficiles. En finir avec les contrats postdoc, je le souhaitais, mais le deuil qui va avec est la partie la moins évidente. Non pas que ma décision signifie un renoncement à une potentielle carrière dans l’université. Mais parce que la fin du postdoc signe la recherche d’autre chose : il faut bien vivre, entre deux candidatures !

Les affres d’une recherche d’emploi

Le printemps a été une succession de moments de doute, d’espoirs et de questionnements existentiels (du moins professionnellement, remettons les choses à leur juste place). Admettre que je ne ferai pas de nouveau postdoc a été la première étape. Une étape un peu forcée par les normes de sélection, puisque j’ai atteint la limite fatidique des “5 ans après la soutenance” qui me ferme pratiquement toute possibilité de postuler à ces contrats.

Se le dire et le dire aux autres (collègues, superviseurs, etc.) n’a pas été une mince affaire. Car arrêter les postdocs sonne pour beaucoup comme un aveu de faiblesse, ou une désertion volontaire de la compétition pour les postes. Je ne vais pas disserter sur l’absurdité de ce système où la capacité à subir l’incertitude et la précarité vaut autant de médailles au champ d’honneur de la recherche. Médailles qui n’assurent généralement pas d’accéder à un poste.

Passons aussi sur les agréables considérations qui accompagnent les jugements sur les carrières dans le monde académique : “tu n’en veux pas assez” ; “ tu n’es pas suffisamment entrepreneur” ; “tu n’as pas les épaules” ; “il faut savoir serrer les dents”… J’ai souvent eu le sentiment d’un verdict de genre, où tout ce qui s’éloigne d’une masculinité compétitive est disqualifié.

Dans ces conditions, la prise de recul est chaotique, mais salutaire. Merci à ceux et celles qui m’ont soutenu dans ces moments-là ! Le rôle de l’entourage est ici très important.

Suites et pas fin

Tout cela m’a quand même donné l’occasion d’écrire — plus moins humoristiquement — à propos de mon CV !

Mais, pour finir sur une note plus positive, l’année 2017 ouvre d’autres horizons. J’ai finalement décroché un emploi dans le réseau de la santé au Québec (j’en dirai plus prochainement) ; c’est un poste temporaire, mais ça permet de se remettre sur pied ! L’autre bonne nouvelle, c’est l’avancée du manuscrit d’un livre, avec l’ami François Berdougo… Plus d’informations bientôt, là aussi !