Samedi dernier avait lieu à Montréal une journée de d’échanges et de débats à l’occasion de la Fierté Trans. Organisée par l’Aide aux Transsexuels et Transsexuelles du Québec (ATQ), la Fierté Trans fêtait cette année son 10ème anniversaire !

Au programme, de nombreuses interventions de chercheur-e-s impliqué-e-s et/ou solidaires des luttes trans. Je n’ai pas pu rester toute la journée, mais j’ai eu le temps d’entendre les interventions de Billy Hébert, sur les ainés trans, et de Chacha Enriquez sur les alliances entre trans, professionnels et militants LGBT.

Dans sa communication, Billy Hébert est revenu sur deux ans de recherche sur les enjeux du vieillissement des personnes trans. La recherche/action a été menée en collaboration entre l’ATQ et la Chaire de recherche sur l’homophobie de l’UQAM. Le travail a connu deux temps :

  • 12 d’entretiens ont été réalisés avec des personnes trans de 55 ans et plus, et 5 avec des intervenant-e-s du domaine de la santé et des services sociaux travaillant en proximité avec la communauté trans
  • puis, des outils de sensibilisation et d’éducation en direction des trans et des professionnels de la santé ont été élaborés : une formation pour les professionnels, une brochure, mais aussi des ressources en ligne sur le site de l’ATQ.

Cette recherche, qui est une première dans le monde francophone, a permis de documenter les barrières à l’accès aux soins… mais aussi les stratégies inventives développées par les personnes trans pour prendre soin d’elles-mêmes. Billy Hébert a insisté sur la « résilience »dont font preuve les personnes rencontrées dans la recherche, alors même que les situations vécus sont souvent très difficiles. Les différents extraits d’entretiens présentés en témoignent.

Les données recueillies permettent d’avance sur plusieurs fronts : renforcer les capacités des personnes trans face aux services sociaux et de santé ; éclairer les difficultés rencontrées, mais aussi les bonnes pratiques existantes ; sensibiliser les milieux du soin et de la santé aux réalités trans, et les inciter à une prise en charge plus respectueuse.

De cette recherche émergent de nombreux outils pratiques, qu’on retrouvera bientôt tous sur le site de l’ATQ. On peut notamment citer la section de recommandations pour les personnels de la santé, qui est très pédagogique.

Un travail inspirant pour le monde francophone en général, tant sur les résultats obtenus que sur la méthode. Ce type de recherche/action a toute sa pertinence pour documenter les réalités vécues… et contribuer à changer les choses !

Des publications plus académiques doivent suivre, pour valoriser au mieux ce travail.