Vous retrouverez ici mon analyse de l’enquête « Sexe au présent », un article publié sur le site du Portail VIH/sida du Québec.

L’enquête « Sex Now/Sexe au présent » a été menée de septembre 2011 à février 2012 auprès des hommes gais dans toutes les provinces du Canada. Elle apporte des informations utiles sur les déterminants sociaux de la santé des Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Malheureusement, les deux rapports disponibles existent seulement en anglais pour le moment : l’un fait le point sur les répondants, l’autre propose des comparaisons entre les provinces canadiennes. Quels enseignements peut-on en tirer pour la prévention ?

Qui a répondu à l’enquête ?

L’enquête « Sexe au présent » existe depuis 2002, et elle a eu plusieurs éditions. Elle est pilotée par le Community-based Research Center for Gay men’s health (CRBC) à Vancouver.

Pour l’enquête 2011/2012, près de 8500 personnes ont répondu au questionnaire à l’échelle du Canada. L’Ontario (3368 participants), la Colombie-Britannique (1805), l’Alberta (1065) et le Québec (1049), sont – assez logiquement – les provinces les plus représentées dans l’enquête.

L’âge moyen des participants était de 43 ans, les moins de 20 ans et les plus de 70 ans étant relativement peu présents. En terme d’ethnicité, si les caucasiens/blancs sont très majoritaires parmi les répondants (87%), plusieurs minorités sont représentées : noirs, asiatiques, latinos, Premières Nations, etc.

Orientation : place aux bisexuels !

L’auto-définition de l’orientation sexuelle fait apparaître que 65% des répondants se déclarent gais, et 32% se définissent comme bisexuels, ce qui est un chiffre important. Un quart des répondants sont en couple avec un homme (mariés ou non), et 44% sont célibataires. Les autres sont en relation avec une femme.

Statut sérologique : l’importance du dépistage

Parmi les répondants, 8% sont séropositifs, 69% se déclarent séronégatifs et 23% n’ont jamais effectué de dépistage. Ces chiffres sont révélateurs de la grande diversité des contextes de vie des répondants (milieu urbain et rural). Car on sait que dans les grandes villes canadienne, la proportion de gais vivant avec le VIH est plus proche de 15 ou 20%.  Le fait que près d’un quart des répondants ne connaisse pas son statut souligne les défis du dépistage dans les communautés Harsah.

Une grande variété de thèmes autour de la santé gaie

Dans le rapport de 2013, une grande variété de thèmes sont abordées, en lien avec la santé gaie : l’expérience générationnelle, la vie conjugale, l’homophobie, la perception du corps ou l’usage de drogue. Présentés sous forme d’articles courts, ces résultats sont très intéressants.

L’un des enseignements de l’enquête, c’est l’importance du soutien social dans la vie des hommes gais tout au long de la vie: réseau d’amis, proches acceptant l’homosexualité, amoureux/amants, etc. On sait que le soutien social est un déterminant très important de la santé. Et l’enquête montre qu’un bon réseau social est positivement corrélé au recours au dépistage VIH/ITS dans les 12 derniers mois, mais aussi au fait de se sentir heureux et accepté !

Prévention du VIH

Dans le rapport publié en 2014, les auteurs reviennent plus en détail sur les enjeux de prévention. Ils effectuent aussi une comparaison entre les provinces à partir de différentes données.

Lorsqu’on leur pose la question de la prévention lors de leur dernier rapport sexuel, 68% des répondants disent avoir utilisé le condom dans leur dernier rapport anal. Ce n’est pas le cas pour 31% d’entre eux, et 1% des répondants ne sont pas sur d’avoir utilisé un condom. Les proportions sont les mêmes au cours si l’on interroge sur les rapports sexuels au cours des 12 derniers mois.

Au cours des 12 derniers mois, 68% des participants de l’enquête disent ne pas s’être senti à risque par rapport au VIH dans leurs relations sexuelles. À l’inverse, 22% se sont perçus à risque. 10% sont incertains quant à leur niveau de risque pour le VIH.

Comparaisons entre provinces

Au niveau canadien, 65% des gars utilisent internet pour trouver des informations sur la santé sexuelle, la tendance étant plus forte chez les moins de 30 ans. Les répondants  québécois sont dans la moyenne.

Par contre, le Québec se distingue sur le dépistage :

  • Plus de la moitié des participants québécois (53%) ont fait un test pour les ITSS dans les 12 derniers mois, contre une moyenne canadienne de 48%.
  • Au niveau canadien, 48% des répondants ont fait un test pour le VIH dans les 12 derniers mois. Le Québec est là encore parmi les provinces les plus testées (50% des répondants ont effectué un test).

Les répondants québécois sont aussi ceux qui sont le plus souvent ouverts sur leur orientation sexuelle avec les soignants (60%, contre 50% au niveau canadien).

 Par contre, le Québec se distingue négativement par :

  • le plus faible recours aux médecins de famille (64% au Québec vs 75% dans l’ensemble du Canada) ;
  • le plus fort recours aux cliniques sans rdv (22% au Québec vs 19% dans l’ensemble du Canada) ;
  • le plus fort recours aux urgences (5% au Québec vs 2% dans l’ensemble du Canada).

Notons enfin que 5% des  répondants québécois n’ont aucun suivi médical (contre 2% au Canada). D’autres données sont présentées en lien avec l’âge et le contexte de vie (urbain/rural).

Quels enseignements ?

L’enquête « Sex Now/Sexe au présent » est une source riche d’informations sur la santé sexuelle des gais et des Harsah. Ces données intéresseront les membres de la communauté, les intervenants et les professionnels de santé !

Mais au terme de la lecture des deux rapports, on reste un peu sur sa faim.
Même si l’enquête est relativement récente, elle est déjà un peu datée. Il n’y est pas question des nouveaux outils de prévention : le dépistage rapide, l’autotest ou la Prep par exemple.

L’enquête est aussi datée car le non usage du condom y est considéré systématiquement comme une pratique à risque. Or, il est admis aujourd’hui que toutes les pratiques sexuelles sans condom ne correspondent pas nécessairement à une prise de risque. Ce n’est évidemment pas de la faute des chercheurs, car le contexte a changé rapidement. Mais c’est dommage que ces évolutions ne soient pas mentionnées dans les limites de l’enquête.

Enfin, les variations provinciales sont minimes, et elles ne sont pas analysées en lien avec les systèmes de santé, la présence d’organismes communautaires, etc. Résultat, la plus-value d’une enquête canadienne n’apparaît pas très nettement.

Pour aller plus loin :

L’enquête « Sex Now/Sexe au présent » a été menée de septembre 2011 à février 2012 auprès des hommes gais dans toutes les provinces du Canada. Elle apporte des informations utiles sur les déterminants sociaux de la santé des Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Malheureusement, les deux rapports disponibles existent seulement en anglais pour le moment : l’un fait le point sur les répondants, l’autre propose des comparaisons entre les provinces canadiennes. Quels enseignements peut-on en tirer pour la prévention ?

 

Qui a répondu à l’enquête ?

L’enquête « Sexe au présent » existe depuis 2002, et elle a eu plusieurs éditions. Elle est pilotée par le Community-based Research Center for Gay men’s health (CRBC) à Vancouver.

Pour l’enquête 2011/2012, près de 8500 personnes ont répondu au questionnaire à l’échelle du Canada. L’Ontario (3368 participants), la Colombie-Britannique (1805), l’Alberta (1065) et le Québec (1049), sont – assez logiquement – les provinces les plus représentées dans l’enquête.

L’âge moyen des participants était de 43 ans, les moins de 20 ans et les plus de 70 ans étant relativement peu présents. En terme d’ethnicité, si les caucasiens/blancs sont très majoritaires parmi les répondants (87%), plusieurs minorités sont représentées : noirs, asiatiques, latinos, Premières Nations, etc.

Orientation : place aux bisexuels !

L’auto-définition de l’orientation sexuelle fait apparaître que 65% des répondants se déclarent gais, et 32% se définissent comme bisexuels, ce qui est un chiffre important. Un quart des répondants sont en couple avec un homme (mariés ou non), et 44% sont célibataires. Les autres sont en relation avec une femme.

Statut sérologique : l’importance du dépistage

Parmi les répondants, 8% sont séropositifs, 69% se déclarent séronégatifs et 23% n’ont jamais effectué de dépistage. Ces chiffres sont révélateurs de la grande diversité des contextes de vie des répondants (milieu urbain et rural). Car on sait que dans les grandes villes canadienne, la proportion de gais vivant avec le VIH est plus proche de 15 ou 20%.  Le fait que près d’un quart des répondants ne connaisse pas son statut souligne les défis du dépistage dans les communautés Harsah.

Une grande variété de thèmes autour de la santé gaie

Dans le rapport de 2013, une grande variété de thèmes sont abordées, en lien avec la santé gaie : l’expérience générationnelle, la vie conjugale, l’homophobie, la perception du corps ou l’usage de drogue. Présentés sous forme d’articles courts, ces résultats sont très intéressants.

L’un des enseignements de l’enquête, c’est l’importance du soutien social dans la vie des hommes gais tout au long de la vie: réseau d’amis, proches acceptant l’homosexualité, amoureux/amants, etc. On sait que le soutien social est un déterminant très important de la santé. Et l’enquête montre qu’un bon réseau social est positivement corrélé au recours au dépistage VIH/ITS dans les 12 derniers mois, mais aussi au fait de se sentir heureux et accepté !

Prévention du VIH

Dans le rapport publié en 2014, les auteurs reviennent plus en détail sur les enjeux de prévention. Ils effectuent aussi une comparaison entre les provinces à partir de différentes données.

Lorsqu’on leur pose la question de la prévention lors de leur dernier rapport sexuel, 68% des répondants disent avoir utilisé le condom dans leur dernier rapport anal. Ce n’est pas le cas pour 31% d’entre eux, et 1% des répondants ne sont pas sur d’avoir utilisé un condom. Les proportions sont les mêmes au cours si l’on interroge sur les rapports sexuels au cours des 12 derniers mois.

Au cours des 12 derniers mois, 68% des participants de l’enquête disent ne pas s’être senti à risque par rapport au VIH dans leurs relations sexuelles. À l’inverse, 22% se sont perçus à risque. 10% sont incertains quant à leur niveau de risque pour le VIH.

Comparaisons entre provinces

Au niveau canadien, 65% des gars utilisent internet pour trouver des informations sur la santé sexuelle, la tendance étant plus forte chez les moins de 30 ans. Les répondants  québécois sont dans la moyenne.

Par contre, le Québec se distingue sur le dépistage :

  • Plus de la moitié des participants québécois (53%) ont fait un test pour les ITSS dans les 12 derniers mois, contre une moyenne canadienne de 48%.
  • Au niveau canadien, 48% des répondants ont fait un test pour le VIH dans les 12 derniers mois. Le Québec est là encore parmi les provinces les plus testées (50% des répondants ont effectué un test).

Les répondants québécois sont aussi ceux qui sont le plus souvent ouverts sur leur orientation sexuelle avec les soignants (60%, contre 50% au niveau canadien).

 Par contre, le Québec se distingue négativement par :

  • le plus faible recours aux médecins de famille (64% au Québec vs 75% dans l’ensemble du Canada) ;
  • le plus fort recours aux cliniques sans rdv (22% au Québec vs 19% dans l’ensemble du Canada) ;
  • le plus fort recours aux urgences (5% au Québec vs 2% dans l’ensemble du Canada).

Notons enfin que 5% des  répondants québécois n’ont aucun suivi médical (contre 2% au Canada). D’autres données sont présentées en lien avec l’âge et le contexte de vie (urbain/rural).

Quels enseignements ?

L’enquête « Sex Now/Sexe au présent » est une source riche d’informations sur la santé sexuelle des gais et des Harsah. Ces données intéresseront les membres de la communauté, les intervenants et les professionnels de santé !

Mais au terme de la lecture des deux rapports, on reste un peu sur sa faim.
Même si l’enquête est relativement récente, elle est déjà un peu datée. Il n’y est pas question des nouveaux outils de prévention : le dépistage rapide, l’autotest ou la Prep par exemple.

L’enquête est aussi datée car le non usage du condom y est considéré systématiquement comme une pratique à risque. Or, il est admis aujourd’hui que toutes les pratiques sexuelles sans condom ne correspondent pas nécessairement à une prise de risque. Ce n’est évidemment pas de la faute des chercheurs, car le contexte a changé rapidement. Mais c’est dommage que ces évolutions ne soient pas mentionnées dans les limites de l’enquête.

Enfin, les variations provinciales sont minimes, et elles ne sont pas analysées en lien avec les systèmes de santé, la présence d’organismes communautaires, etc. Résultat, la plus-value d’une enquête canadienne n’apparaît pas très nettement.

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L’enquête « Sex Now/Sexe au présent » a été menée de septembre 2011 à février 2012 auprès des hommes gais dans toutes les provinces du Canada. Elle apporte des informations utiles sur les déterminants sociaux de la santé des Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Malheureusement, les deux rapports disponibles existent seulement en anglais pour le moment : l’un fait le point sur les répondants, l’autre propose des comparaisons entre les provinces canadiennes. Quels enseignements peut-on en tirer pour la prévention ?

 

Qui a répondu à l’enquête ?

L’enquête « Sexe au présent » existe depuis 2002, et elle a eu plusieurs éditions. Elle est pilotée par le Community-based Research Center for Gay men’s health (CRBC) à Vancouver.

Pour l’enquête 2011/2012, près de 8500 personnes ont répondu au questionnaire à l’échelle du Canada. L’Ontario (3368 participants), la Colombie-Britannique (1805), l’Alberta (1065) et le Québec (1049), sont – assez logiquement – les provinces les plus représentées dans l’enquête.

L’âge moyen des participants était de 43 ans, les moins de 20 ans et les plus de 70 ans étant relativement peu présents. En terme d’ethnicité, si les caucasiens/blancs sont très majoritaires parmi les répondants (87%), plusieurs minorités sont représentées : noirs, asiatiques, latinos, Premières Nations, etc.

Orientation : place aux bisexuels !

L’auto-définition de l’orientation sexuelle fait apparaître que 65% des répondants se déclarent gais, et 32% se définissent comme bisexuels, ce qui est un chiffre important. Un quart des répondants sont en couple avec un homme (mariés ou non), et 44% sont célibataires. Les autres sont en relation avec une femme.

Statut sérologique : l’importance du dépistage

Parmi les répondants, 8% sont séropositifs, 69% se déclarent séronégatifs et 23% n’ont jamais effectué de dépistage. Ces chiffres sont révélateurs de la grande diversité des contextes de vie des répondants (milieu urbain et rural). Car on sait que dans les grandes villes canadienne, la proportion de gais vivant avec le VIH est plus proche de 15 ou 20%.  Le fait que près d’un quart des répondants ne connaisse pas son statut souligne les défis du dépistage dans les communautés Harsah.

Une grande variété de thèmes autour de la santé gaie

Dans le rapport de 2013, une grande variété de thèmes sont abordées, en lien avec la santé gaie : l’expérience générationnelle, la vie conjugale, l’homophobie, la perception du corps ou l’usage de drogue. Présentés sous forme d’articles courts, ces résultats sont très intéressants.

L’un des enseignements de l’enquête, c’est l’importance du soutien social dans la vie des hommes gais tout au long de la vie: réseau d’amis, proches acceptant l’homosexualité, amoureux/amants, etc. On sait que le soutien social est un déterminant très important de la santé. Et l’enquête montre qu’un bon réseau social est positivement corrélé au recours au dépistage VIH/ITS dans les 12 derniers mois, mais aussi au fait de se sentir heureux et accepté !

Prévention du VIH

Dans le rapport publié en 2014, les auteurs reviennent plus en détail sur les enjeux de prévention. Ils effectuent aussi une comparaison entre les provinces à partir de différentes données.

Lorsqu’on leur pose la question de la prévention lors de leur dernier rapport sexuel, 68% des répondants disent avoir utilisé le condom dans leur dernier rapport anal. Ce n’est pas le cas pour 31% d’entre eux, et 1% des répondants ne sont pas sur d’avoir utilisé un condom. Les proportions sont les mêmes au cours si l’on interroge sur les rapports sexuels au cours des 12 derniers mois.

Au cours des 12 derniers mois, 68% des participants de l’enquête disent ne pas s’être senti à risque par rapport au VIH dans leurs relations sexuelles. À l’inverse, 22% se sont perçus à risque. 10% sont incertains quant à leur niveau de risque pour le VIH.

Comparaisons entre provinces

Au niveau canadien, 65% des gars utilisent internet pour trouver des informations sur la santé sexuelle, la tendance étant plus forte chez les moins de 30 ans. Les répondants  québécois sont dans la moyenne.

Par contre, le Québec se distingue sur le dépistage :

  • Plus de la moitié des participants québécois (53%) ont fait un test pour les ITSS dans les 12 derniers mois, contre une moyenne canadienne de 48%.
  • Au niveau canadien, 48% des répondants ont fait un test pour le VIH dans les 12 derniers mois. Le Québec est là encore parmi les provinces les plus testées (50% des répondants ont effectué un test).

Les répondants québécois sont aussi ceux qui sont le plus souvent ouverts sur leur orientation sexuelle avec les soignants (60%, contre 50% au niveau canadien).

 Par contre, le Québec se distingue négativement par :

  • le plus faible recours aux médecins de famille (64% au Québec vs 75% dans l’ensemble du Canada) ;
  • le plus fort recours aux cliniques sans rdv (22% au Québec vs 19% dans l’ensemble du Canada) ;
  • le plus fort recours aux urgences (5% au Québec vs 2% dans l’ensemble du Canada).

Notons enfin que 5% des  répondants québécois n’ont aucun suivi médical (contre 2% au Canada). D’autres données sont présentées en lien avec l’âge et le contexte de vie (urbain/rural).

Quels enseignements ?

L’enquête « Sex Now/Sexe au présent » est une source riche d’informations sur la santé sexuelle des gais et des Harsah. Ces données intéresseront les membres de la communauté, les intervenants et les professionnels de santé !

Mais au terme de la lecture des deux rapports, on reste un peu sur sa faim.
Même si l’enquête est relativement récente, elle est déjà un peu datée. Il n’y est pas question des nouveaux outils de prévention : le dépistage rapide, l’autotest ou la Prep par exemple.

L’enquête est aussi datée car le non usage du condom y est considéré systématiquement comme une pratique à risque. Or, il est admis aujourd’hui que toutes les pratiques sexuelles sans condom ne correspondent pas nécessairement à une prise de risque. Ce n’est évidemment pas de la faute des chercheurs, car le contexte a changé rapidement. Mais c’est dommage que ces évolutions ne soient pas mentionnées dans les limites de l’enquête.

Enfin, les variations provinciales sont minimes, et elles ne sont pas analysées en lien avec les systèmes de santé, la présence d’organismes communautaires, etc. Résultat, la plus-value d’une enquête canadienne n’apparaît pas très nettement.

Gabriel Girard
www.gabriel-girard.net

Pour aller plus loin :

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L’enquête « Sex Now/Sexe au présent » a été menée de septembre 2011 à février 2012 auprès des hommes gais dans toutes les provinces du Canada. Elle apporte des informations utiles sur les déterminants sociaux de la santé des Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Malheureusement, les deux rapports disponibles existent seulement en anglais pour le moment : l’un fait le point sur les répondants, l’autre propose des comparaisons entre les provinces canadiennes. Quels enseignements peut-on en tirer pour la prévention ?

 

Qui a répondu à l’enquête ?

L’enquête « Sexe au présent » existe depuis 2002, et elle a eu plusieurs éditions. Elle est pilotée par le Community-based Research Center for Gay men’s health (CRBC) à Vancouver.

Pour l’enquête 2011/2012, près de 8500 personnes ont répondu au questionnaire à l’échelle du Canada. L’Ontario (3368 participants), la Colombie-Britannique (1805), l’Alberta (1065) et le Québec (1049), sont – assez logiquement – les provinces les plus représentées dans l’enquête.

L’âge moyen des participants était de 43 ans, les moins de 20 ans et les plus de 70 ans étant relativement peu présents. En terme d’ethnicité, si les caucasiens/blancs sont très majoritaires parmi les répondants (87%), plusieurs minorités sont représentées : noirs, asiatiques, latinos, Premières Nations, etc.

Orientation : place aux bisexuels !

L’auto-définition de l’orientation sexuelle fait apparaître que 65% des répondants se déclarent gais, et 32% se définissent comme bisexuels, ce qui est un chiffre important. Un quart des répondants sont en couple avec un homme (mariés ou non), et 44% sont célibataires. Les autres sont en relation avec une femme.

Statut sérologique : l’importance du dépistage

Parmi les répondants, 8% sont séropositifs, 69% se déclarent séronégatifs et 23% n’ont jamais effectué de dépistage. Ces chiffres sont révélateurs de la grande diversité des contextes de vie des répondants (milieu urbain et rural). Car on sait que dans les grandes villes canadienne, la proportion de gais vivant avec le VIH est plus proche de 15 ou 20%.  Le fait que près d’un quart des répondants ne connaisse pas son statut souligne les défis du dépistage dans les communautés Harsah.

Une grande variété de thèmes autour de la santé gaie

Dans le rapport de 2013, une grande variété de thèmes sont abordées, en lien avec la santé gaie : l’expérience générationnelle, la vie conjugale, l’homophobie, la perception du corps ou l’usage de drogue. Présentés sous forme d’articles courts, ces résultats sont très intéressants.

L’un des enseignements de l’enquête, c’est l’importance du soutien social dans la vie des hommes gais tout au long de la vie: réseau d’amis, proches acceptant l’homosexualité, amoureux/amants, etc. On sait que le soutien social est un déterminant très important de la santé. Et l’enquête montre qu’un bon réseau social est positivement corrélé au recours au dépistage VIH/ITS dans les 12 derniers mois, mais aussi au fait de se sentir heureux et accepté !

Prévention du VIH

Dans le rapport publié en 2014, les auteurs reviennent plus en détail sur les enjeux de prévention. Ils effectuent aussi une comparaison entre les provinces à partir de différentes données.

Lorsqu’on leur pose la question de la prévention lors de leur dernier rapport sexuel, 68% des répondants disent avoir utilisé le condom dans leur dernier rapport anal. Ce n’est pas le cas pour 31% d’entre eux, et 1% des répondants ne sont pas sur d’avoir utilisé un condom. Les proportions sont les mêmes au cours si l’on interroge sur les rapports sexuels au cours des 12 derniers mois.

Au cours des 12 derniers mois, 68% des participants de l’enquête disent ne pas s’être senti à risque par rapport au VIH dans leurs relations sexuelles. À l’inverse, 22% se sont perçus à risque. 10% sont incertains quant à leur niveau de risque pour le VIH.

Comparaisons entre provinces

Au niveau canadien, 65% des gars utilisent internet pour trouver des informations sur la santé sexuelle, la tendance étant plus forte chez les moins de 30 ans. Les répondants  québécois sont dans la moyenne.

Par contre, le Québec se distingue sur le dépistage :

  • Plus de la moitié des participants québécois (53%) ont fait un test pour les ITSS dans les 12 derniers mois, contre une moyenne canadienne de 48%.
  • Au niveau canadien, 48% des répondants ont fait un test pour le VIH dans les 12 derniers mois. Le Québec est là encore parmi les provinces les plus testées (50% des répondants ont effectué un test).

Les répondants québécois sont aussi ceux qui sont le plus souvent ouverts sur leur orientation sexuelle avec les soignants (60%, contre 50% au niveau canadien).

 Par contre, le Québec se distingue négativement par :

  • le plus faible recours aux médecins de famille (64% au Québec vs 75% dans l’ensemble du Canada) ;
  • le plus fort recours aux cliniques sans rdv (22% au Québec vs 19% dans l’ensemble du Canada) ;
  • le plus fort recours aux urgences (5% au Québec vs 2% dans l’ensemble du Canada).

Notons enfin que 5% des  répondants québécois n’ont aucun suivi médical (contre 2% au Canada). D’autres données sont présentées en lien avec l’âge et le contexte de vie (urbain/rural).

Quels enseignements ?

L’enquête « Sex Now/Sexe au présent » est une source riche d’informations sur la santé sexuelle des gais et des Harsah. Ces données intéresseront les membres de la communauté, les intervenants et les professionnels de santé !

Mais au terme de la lecture des deux rapports, on reste un peu sur sa faim.
Même si l’enquête est relativement récente, elle est déjà un peu datée. Il n’y est pas question des nouveaux outils de prévention : le dépistage rapide, l’autotest ou la Prep par exemple.

L’enquête est aussi datée car le non usage du condom y est considéré systématiquement comme une pratique à risque. Or, il est admis aujourd’hui que toutes les pratiques sexuelles sans condom ne correspondent pas nécessairement à une prise de risque. Ce n’est évidemment pas de la faute des chercheurs, car le contexte a changé rapidement. Mais c’est dommage que ces évolutions ne soient pas mentionnées dans les limites de l’enquête.

Enfin, les variations provinciales sont minimes, et elles ne sont pas analysées en lien avec les systèmes de santé, la présence d’organismes communautaires, etc. Résultat, la plus-value d’une enquête canadienne n’apparaît pas très nettement.

Gabriel Girard
www.gabriel-girard.net

Pour aller plus loin :

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