Sans rentrer dans un compte-rendu détaillé des différentes sessions et discussions de la conférence, voici quelques premières impressions ! Pour commencer, l’AFRAVIH, quezako ? C’est l’Alliance francophone des acteurs de santé contre le VIH, qui organise une conférence tous les deux ans. Après Montpellier en 2014, elle a lieu cette année à Bruxelles. Concrètement, une conférence c’est autour de 1100 participant-e-s, venus de 35 pays. Et c’est l’un des rares moments d’échanges scientifiques internationaux intégralement en français autour du VIH et des hépatites !

Une conférence sous le signe de l’actualité

Difficile d’ouvrir une telle conférence sans évoquer le contexte politique international et les attentats meurtriers qui ont frappé le monde francophone ces derniers mois : les images de Bruxelles, Grand Bassam, Ouagadougou ou Paris sont dans toutes les mémoires.

La cérémonie d’ouverture a aussi été l’occasion de valoriser la dimension francophone de l’évènement, avec un maitre mot : faire de la science en français et valoriser le fait de « penser en français », pour reprendre les mots de Jean-Paul Moatti ce matin.

Dans l’actualité aussi, les enjeux des traitements de l’hépatite C et de leurs coûts exorbitants ont fait l’objet d’une intervention passionnante d’Isabelle Andrieux-Meyer de Médecins Sans Frontières en séance d’ouverture. Le plaidoyer politique pour l’accès aux traitements s’affirme avec force dans ce domaine ! (Les interventions de plénières, filmées, seront bientôt disponibles sur le site de la conférence). Autre intervention poignante, celle de Jeanne Gapiya, de l’ANSS au Burundi qui a souligné les difficultés et les tensions de mener des interventions autour du VIH en contexte de conflit et de crise.

La PrEP à toutes les sauces ?

Sans surprise, c’est LA question de l’heure, abordée autant dans les plénières que dans les interventions en session parallèles, mais aussi dans les discussions dans les couloirs de la conférence. La visibilité de la PrEP à l’AFRAVIH, c’est d’abord l’action organisée par la Coalition PLUS durant la plénière d’ouverture : après l’intervention de Jeanne Gapiya, une centaine de militant-e-s ont pris la scène pour réclamer « PrEP, PrEP, PrEP partout ! » et « PrEP, PrEP, PrEP maintenant ! » (cf la photo en tête d’article). Les prises de parole des manifestant-e-s ont permis de mettre en avant les revendications des différentes populations intéressé-e-s par la PrEP : travailleuses du sexe, gais, usagers de drogues, femmes, du Nord et du Sud.

La visibilité de la PrEP, c’est aussi « l’appel de Bruxelles » qui est popularisé à l’occasion de la conférence, et a été signé par des activistes, des médecins et des chercheurs. L’appel vise en particulier les décideurs, qui sont appelés :

à rendre la PrEP accessible à toutes les populations à haut-risque de contracter le VIH qui en expriment le besoin et à lever les barrières législatives, politiques et financières entravant cet accès

Mais l’appel vise aussi les laboratoires pharmaceutiques, qui sont appelés à s’engager :

à garantir des molécules antirétrovirales efficaces à des prix abordables et à soutenir la recherche sur l’efficacité préventive d’autres ARVs

Bref, la PrEP est un sujet central de l’AFRAVIH, à l’instar des autres conférences VIH.

Mais cet unanimisme de façade ne doit pas masquer des interrogations qui perdurent, dans les têtes et dans les pratiques (cliniques et sexuelles !). La PrEP — et la médicalisation de la prévention — continuent indéniablement de susciter des résistances… mais elles sont inaudibles dans ce genre d’espaces scientifiques. Difficile donc, d’engager un dialogue ou une confrontation d’arguments sur le sujet.

Je reviendrai prochainement sur les débats de la session à laquelle j’ai pris part ce matin !


Ce billet est publié conjointement sur le site du Portail VIH/sida du Québec.