Voici ma seconde contribution au blogue initié par CATIE, organisme canadien de lutte contre le VIH/sida. J’aborde cette fois-ci la question des discriminations vécues par les personnes vivant avec le VIH dans le milieu du soin, à partir de la recherche menée par Marilou Gagnon au Québec. Le blogue est mis à jour toutes les semaines, n’hésitez pas à aller le visiter régulièrement !

Retour sur une recherche

Les études sur la stigmatisation des personnes séropositives dans les soins de santé sont nombreuses. Mais peu d’entre elles se sont réellement intéressées aux dimensions structurelles du problème. C’est ce constat qui a orienté la recherche menée par Marilou Gagnon, professeure à l’Université d’Ottawa. L’étude s’appuie sur 21 entrevues, avec 15 hommes et 6 femmes vivant avec le VIH au Québec.

Trois niveaux de stigmatisation

Dans les conclusions de la recherche (disponibles en ligne), M. Gagnon souligne que pour les PVVIH, les discriminations se présentent selon trois principales dimensions :

1. La stigmatisation épisodique

C’est celle qui a lieu hors du réseau de santé VIH. Elle n’est pas permanente, car elle est liée à des soins ponctuels : urgence, grossesse, incarcération ou hospitalisation. Elle découle souvent de l’ignorance des soignants.

2. La stigmatisation symbolique

Ce registre de stigmatisation est le plus couramment étudié dans les enquêtes. Il s’agit de l’ensemble des gestes, attitudes ou propos qui renvoient (et enferment) la personne séropositive à son statut sérologique. On pense par exemple à des questions inappropriées, au refus de toucher, ou à la prise de distance physique quand le statut a été évoqué.

3. La stigmatisation structurelle

L’originalité de l’enquête de M. Gagnon est d’aborder un troisième niveau : la stigmatisation structurelle. Dans cette catégorie, la chercheuse classe les stratégies administratives et collectives de détection et de mise à l’écart des PVVIH dans le milieu de soin. Elle parle notamment des questionnaires qui servent à filtrer le statut sérologique, dans les soins dentaires. Mais il s’agit aussi des ruptures de confidentialité entre soignants au sujet d’un patient, ou encore des interprétations exagérées des normes de précautions universelles, comme par exemple la stérilisation.

Cette forme de stigmatisation, rapporté dans les entrevues, illustre les préjugés encore tenaces dans le milieu du soin. Il reste du chemin pour que les PVVIH soient traitées à égalité avec les autres patient-e-s. Pour nous guider dans ce travail, Marilou Gagnon propose 10 recommandations concrètes, pour les PVVIH et pour les soignants, que je vous propose d’aller découvrir !