La journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie est maintenant devenue une « institution », au même titre que le 1er décembre dans la lutte contre le sida. Cette année, le 17 mai se teinte d’une saveur particulière, puisque c’est le jour où la loi du « mariage pour tou-te-s » a été validée par le Conseil Constitutionnel en France. Le texte est donc définitivement adopté, et les premiers mariages devraient avoir lieu dans les prochaines semaines.

À l’occasion de cette journée, j’ai proposé une tribune d’analyse de quelques uns des enjeux de la lutte contre l’homophobie et de la transphobie en France et au Québec. Elle a été publiée en anglais dans The Gazette et en français dans La Presse +. J’ai aussi été interviewé par Radio Canada International, et c’est ici. Le journaliste parle du « retour du refoulé homophobe »… car c’était le titre d’origine de ma tribune !

 

La loi est donc promulguée, et il y a de quoi se réjouir : la revendication est portée depuis près de 20 ans par les mouvements LGBT, et ce n’est pas tous les jours que l’on gagne de nouveaux droits dans le contexte actuel. Cette promulgation n’éteindra sans doute pas les voix des « anti », et il faut malheureusement s’attendre à de nouvelles manifestations de haine et de rejet. Mais la loi est passée…

Et pourtant, il reste beaucoup à faire ! L’homophobie et la transphobie qui se sont déchaînées publiquement ces derniers mois ne sont pas les résidus désuets d’une France catholique et conservatrice : elles expriment la situation toujours précaire des lesbiennes, des gais, des bisexuel-le-s et des trans dans nos sociétés. Car l’acceptation de façade laisse trop souvent place à la gêne, au rejet ou à la violence, en particulier lorsque l’homosexualité et/ou la transidentité concernent un membre de sa famille, un proche, un collègue… Les réactions hostiles à la dernière campagne du gouvernement du Québec en sont la preuve. Ici, l’égalité des droits est une réalité depuis 2004. Et pourtant, l’homophobie et la transphobie restent bien ancrées.

Sur le front de la lutte contre les discriminations vécues par les personnes LGBT, il reste du travail à accomplir sur la longue durée, un combat qui dépasse largement la revendication du mariage et l’égalité formelle. Un combat qui implique nécessairement de remettre en cause l’ordre inégalitaire du genre et de la sexualité.

Ces derniers mois, trop peu nombreuses ont été les opportunités d’ouvrir des débats critiques sur le mariage comme institution, ses limites et son caractère normalisateur. La republication du Rapport contre la normalité, du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire est une bonne occasion de se plonger dans des textes incisifs vis-à-vis des normes hétéro-patriarcales !

En Amérique du Nord et dans le monde anglo-saxon, un collectif queer – « Against equality » – prolonge depuis plusieurs années ces réflexions critiques, en particulier en réfléchissant à partir du point de vue de ceux/celles que les revendications égalitaires excluent. C’est aussi l’occasion de les lire et d’engager le débat !

Le texte de ma tribune dans les journaux québécois, en français et en anglais, est ici et .