Le temps se rafraichit un peu au Québec, les feuilles commencent à changer de couleur… mais l’été n’est pas encore terminé ! Voici donc une ultime « chronique estivale », consacrée cette fois-ci à la bande dessinée.

Car depuis que je vis au Québec, je fréquente assidument les locaux de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), ce qui m’a permis, entre autres choses, de découvrir des auteurs de grand talent. À tout seigneur, tout honneur, deux des BD dont je vais parler sont d’ici (Montréal).

Paul

Chronologiquement, c’est sur la série des « Paul », de Michel Rabagliati, que je suis tombé. L’auteur est québécois et montréalais (et ça se sent !). Le personnage de Paul, un jeune montréalais né dans les années 1960, que l’on suit à différents âges de sa vie, est apparu à la fin des années 1990, avec Paul à la campagne (pour ma part, j’ai commencé avec Paul dans le métro). S’en suivent 6 autres albums, que j’ai dévoré !

Le dessin de Michel Rabagliati est à la fois tendre, intelligent et subtil. Sous son crayon, les personnages se livrent dans leur complexité, souvent leur drôlerie, dans différentes situations du quotidien, et à différents âges de la vie. La force de ces BD, selon moi, c’est qu’elles allient des histoires singulières qui touchent juste (visiblement vécues ou presque) et une fresque culturelle sensible de la vie montréalaise, à travers les yeux de Paul. En bref, j’aime (beaucoup) le dessin, l’écriture et les histoires que M. Rabagliati nous raconte. Et je recommande… tout, avec peut-être une préférence pour Paul à la pêche !

Louis Riel

Connaissez-vous Louis Riel ? Jusqu’à ma lecture de la BD éponyme de Chester Brown, ce n’était qu’un nom, vaguement associé à l’histoire politique du Canada (et jamais entendu avant d’arriver au Québec !). Louis Riel (1844-1885), donc, est l’un des leader de la révolte du peuple Métis, majoritairement francophone, dans ce qui allait devenir le Manitoba, dans les années 1860/1870. Jusqu’en 1869, la large région située à l’est de l’Ontario (actuellement les provinces Manitoba et Saskatchewan, cf carte) est contrôlée par la compagnie de la Baie d’Hudson.

Cette histoire nous ramène aux premières années de la Confédération canadienne. Le Canada est en effet un un pays « jeune », créé en 1867, au prix d’un certain nombre de turpitudes et de coups bas, en particulier à l’encontre des minorités francophones. L’annexion des territoires ayant appartenu à la compagnie de la Baie, la prise du pouvoir par les anglophones et la spoliation des terres des Métis sèment le vent de la révolte. Fin 1869, Louis Riel et ses camarades s’emparent du pouvoir et créent un gouvernement provisoire. Hors de question, cependant, pour les dirigeants du Canada de laisser se développer un « nouveau Québec à l’ouest »… Leurs espoirs sont écrasés par l’intervention militaire et sanglante du jeune pouvoir canadien…

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La suite de l’histoire, je ne vous la raconte pas, il faut lire Louis Riel, l’insurgé ! Chester Brown, un auteur montréalais anglophone — dont on a beaucoup entendu parlé avec la sortie de 23 prostituées, que je viens juste d’emprunter — retrace ici avec beaucoup de finesse la vie fascinante de cet homme politique rebelle trop méconnu. L’auteur en dresse un portrait respectueux mais sans complaisance, qui révèle une personnalité tourmentée et mystique. J’apprécie là aussi beaucoup le dessin !

Cette BD a aussi le grand mérite de faire connaitre à un large public un pan de l’histoire politique du Canada et de la violence d’État sur laquelle s’est construit ce pays. Et elle permet au néophyte que je suis une sensibilisation aux réalités des francophones qui vivent hors du Québec !

BD contemplative

Pour finir, j’ai découvert récemment un auteur qui n’est ni québécois, ni canadien, mais anglais : Jon McNaught. J’ai été vraiment subjugué par ses albums contemplatifs et mélancoliques !

À lire d’urgence.

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