Les 16 et 17 mai prochains le colloque « Au-delà de l’échec, réflexions critiques sur la prévention, la recherche et les services liés au VIH » se tiendra à l’Université Concordia à Montréal. Dans une certaine mesure, cette rencontre fait écho aux discussions de la journée sur les « Approches critiques en SHS sur le sida« , qui s’est tenue à Montréal en avril 2012. « Au-delà de l’échec » réunira des chercheur-e-s, des militant-e-s et des fournisseurs de services impliqués dans le domaine du VIH.

Dans ce colloque, nous souhaitons échanger sur ce qui a échoué. Nous espérons pouvoir examiner de plus près les limites des systèmes et des structures qui régissent actuellement la recherche et les services. Nous voulons parler de nos erreurs et en tirer des leçons. Nous voulons pouvoir poursuivre notre engagement – au-delà de l’échec!

La capacité des acteurs « critiques » de la lutte contre le VIH a se rassembler et à élaborer au Québec et au Canada est vraiment inspirante ! D’autant plus que la critique ne se veut pas seulement extérieure aux réalités quotidiennes de la lutte, mais qu’elle trace des pistes de théoriques et pratiques pour changer les choses dès à présent. L’écho de ces initiatives reste cependant relativement restreint, hors des cercles déjà sensibilisés.

Concernant le thème du colloque, comme l’explique bien l’appel à communication :

« L’industrie du sida est profondément ancrée dans un modèle logique axé sur la promotion de son propre succès. En tant que chercheur(e)s sur le sida, nous nous positionnons souvent judicieusement auprès des bailleurs de fonds en soutenant que nos recherches assureront le succès des programmes. En tant que fournisseurs de services, nous allons même parfois jusqu’à garantir une réduction des taux d’infections. Malheureusement, cette logique du succès ne nous donne pas souvent l’occasion de revisiter et de repenser nos échecs individuels et collectifs.

Dans ce colloque, nous souhaitons échanger sur ce qui a échoué. Nous espérons pouvoir examiner de plus près les limites des systèmes et des structures qui régissent actuellement la recherche et les services. Nous voulons parler de nos erreurs et en tirer des leçons. Nous voulons pouvoir poursuivre notre engagement — au-delà de l’échec !« 

J’ajouterai volontiers cette définition du verbe « (s’)échouer » (que m’a glissée un ami) : « Arriver dans un lieu inattendu et s’y installer ». Elle correspond bien, je crois, à l’une des aspirations de ce colloque : explorer des territoires inconnus !

« Au-delà de l’échec » va aussi innover sur la forme. Comme dans un congrès classique, les résumés ont été sélectionnés et des panels ont été constitués. Mais les auteur-e-s ont également dû envoyer un texte (ou un résumé long) à la mi-avril pour permettre de les faire circuler parmi les intervenant-e-s d’un même panel. L’objectif est d’aller au-delà des traditionnelles présentations de 20 minutes, de rentrer plus rapidement dans le vif du sujet et, surtout, d’élaborer collectivement des pistes de réflexions ou des recommandations. Enfin, l’ensemble des discussions sera bilingue (français/anglais), ce qui constitue un autre défi (de taille !).

Ce fonctionnement requière un colloque plus restreint en terme de nombre de participant-e-s… ce qui explique la limitation des inscriptions aux intervenant-e-s et aux organisateurs/trices. Cependant, l’équipe du colloque aura à cœur de rendre publics les interventions des conférenciers invités et les conclusions des différents panels ! Un premier retour sur cette expérience aura lieu lors de la Conférence HIV Social Sciences and Humanities à Paris en juillet prochain.

Pour ma part, je participe au colloque avec une double casquette de co-organisateur et de participant dans le panel « Risque ». J’interviendrai à partir de réflexions développées avec Mathieu Trachman autour de l’essai Ipergay en France :

« La proposition de communication interrogera simultanément ce qui rend possible, au niveau des politiques publiques, l’objectivation de l’échec des politiques de prévention ; et la manière dont les gays reconnaissent leur propre impuissance à respecter les règles de la prévention comportementale. L’essai ne sera pas abordé comme une réponse à des situations préexistantes, mais comme un dispositif de subjectivation, supposant une conception des sujets de la prévention, conception potentiellement en décalage avec les rapports aux risques et à la maladie qui sont ceux des volontaires potentiels de l’essai. »

Le résumé complet est ici !